Serge Hefez est psychiatre et psychanalyste et dirige l’unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de la Pitié Salpétrière.
Dans ce livre, il a compilé les histoires de ses patients, anonymisées, pour raconter le couple. A travers ces histoires, touchantes, drôles, pathétiques parfois, débriefées avec beaucoup de retenue et d’analyse, le psychanalyste explique ce qui fait les couples et ce qui fait en particulier les couples d’aujourd’hui. En effet, psychanalyste depuis 30 ans, Serge Hefez a été un témoin privilégié de l’évolution de la famille. Il a tout vu défiler dans son cabinet: les couples gays, les échangistes, les couples divorcés, les couples libres, les cathos ou les délurés… sans jamais juger, il a essayé d’aider ces couples à trouver la solution pour durer, pour surmonter des épreuves ou des difficultés telles que l’infidélité, le libertinage, l’arrivée des enfants, le deuil, l’ennui, etc.
Toutes ces histoires nous amènent à nous questionner sur notre couple et notre vision du couple mais également sur la normalité, la rencontre, la communication, les fantômes qui s’invitent dans le couple, les enfants et l’amour en général. J’ai trouvé la plupart des histoires très touchantes, parfois tristes et parfois émouvantes. La longueur de chaque histoire est variable mais chacune est suivie quelques pages d’analyse de la part du psychanalyste et parfois de quelques infos sur l’histoire du couple à la suite de sa visite ou de sa thérapie quand le médecin en disposait.
Il y a beaucoup de respect dans ces histoires, beaucoup d’humanité qui transparaît de la part de Serge Hefez! C’est un psychanalyste que j’aime beaucoup, qui aime ses patients et montre beaucoup d’humanité et de réalisme dans son approche, sans rester bloqué dans les carcans dogmatiques contrairement à d’autres psychanalystes.
Je vous recommande cette lecture vraiment intéressant et divertissante – j’ai parfois bien ri! – qui met à jour beaucoup d’amour de la part de ces couples qui venaient consulter et on parfois réussi à être plus heureux, ensembles ou pas.
Le grand-père d’Alexandre Jardin, Jean Jardin dit « le Nain Jaune », a été un haut fonctionnaire du régime de Vichy et notamment le directeur de cabinet de Pierre Laval, chef du gouvernement français, notamment au moment de la rafle du Vel d’Hiv. L’histoire de ce grand-père adulé de tous met Alexandre Jardin mal à l’aise. Sa famille a toujours minimisé l’implication du patriarche dans le gouvernement de Vichy mais les recherches réalisées par son petit fils tout comme les gaffes et autres anecdotes familiales l’amènent à penser le contraire et à questionner l’histoire familiale. Alexandre Jardin, dans ce livre, règle également des comptes avec sa famille, aveugle de son histoire…
J’aime beaucoup Alexandre Jardin. Je l’ai d’abord aimé à travers ses romans qui ont ponctué mon adolescence même si j’ai découvert son oeuvre en commençant pas le Zubial qui relate l’histoire de son père, Pascal Jardin, décédé à 46 ans. Cette première lecture m’a permis de mieux comprendre les romans suivants et encore plus cet ouvrage dans lequel il relate l’histoire de son grand père, Jean Jardin, directeur de Cabinet de Laval en 1942-43, notamment pendant la Rafle du Vel d’Hiv. Alexandre Jardin explique s’être intéressé à son illustre aïeul très jeune, nourri d’anecdotes ou de lapsus familiaux l’ayant conduit à lire encore et encore tous les ouvrages sur la guerre et la collaboration en France. Il s’étonne comme son grand-père passe pour un homme très bien, vénéré par sa descendance, alors qu’il semble évident qu’il a été à un moment où un autre au courant de la Solution finale et de la Rafle du Vel d’Hiv mais également alors qu’il était nécessairement antisémite. On ressent dans ce livre toute la colère et l’incompréhension d’Alexandre Jardin, face à sa famille et en particulier face à son père qui a participé à la construction de cette image fantasmée du grand père…
Alexandre Jardin a été beaucoup critiqué pour ce livre alors qu’il annonce lui même ne pas confondre son rôle d’écrivain avec celui d’historien. Il interroge la mémoire familiale et les faits historiques qu’il a pu glaner. Je dois dire que je m’interroge comme lui : lorsqu’on sait le rôle des directeurs de cabinet, comment son grand père n’aurait il pas été informé du sort réservé aux Juifs de France ou encore de la Solution finale… Il a forcément valider un certain nombre de textes législatifs anti-juifs avant de les soumettre à Pierre Laval dont il gardera jusqu’à la fin de sa vie le portrait sur son bureau. Autre étonnement de Jardin : aucune archive n’évoque son grand père clairement alors que celui ci a sans conteste joué un rôle important dans le régime de Vichy puis dans la vie politique de l’après guerre. Celui ci y voit une sorte d’épuration des archives, une destruction organisée et je dois dire que cela est troublant. Surtout quand Alexandre Jardin explique avoir trouvé, alors qu’il était adolescent, dans le grenier de la maison familiale, des cartons remplis de documents et de témoignages visant à blanchir son grand père au cas où il serait poursuivi par les tenants de l’Epuration.
Ce livre est à la fois organisé et désorganisé. Il suit une ligne historique pour suivre l’histoire du grand père mais on y trouve de multiples digressions renvoyant à des souvenirs ou à l’histoire familiale. Je comprends le malaise d’Alexandre Jardin face à ce non-dit familial mais également de la part des biographes de son grand père et principalement de Pierre Assouline. Ce dernier a d’ailleurs rédigé une diatribe assez violente contre l’ouvrage d’Alexandre Jardin qui je pense a nourri fortement la polémique. On connaît l’influence d’Assouline dans le milieu littéraire et je m’étonne de cette violence alors qu’Alexandre Jardin, tout en critiquant la façon dont cette biographie n’a pas interrogé le passé collaborationniste de son grand père, n’arrête pas de répété qu’Assouline est un ami… Oui Alexandre Jardin pourrait prendre un peu de distance parfois. Il semble un peu naïf : ce n’est pas une surprise que son grand père ait été antisémite. Même si ce n’est pas une excuse et que tout le monde ne l’était pas, Jean Jardin était sans conteste un homme de son temp et l’antisémitisme était très répandu à cette époque. Mais encore une fois, Jardin ne se la joue pas à l’historien et à la fois on sent qu’il est difficile de prendre de la distance compte tenu de son indignation et de la blessure qu’il porte. Cet engagement d’ailleurs donne vie à cet ouvrage.
Alexandre Jardin a mis ses tripes dans ce livre, on le ressent à chaque ligne. Cela l’amène parfois à beaucoup de lyrisme notamment lorsqu’il explique qu’il a cherché à comprendre et connaître la religion juive, la religion du livre, ce qui l’a conduit à créer l’association Lire et Faire lire… Personnellement, j’aime beaucoup son style, je l’ai toujours aimé (j’ai lu à peu près l’ensemble de son oeuvre). Je trouve son style moderne, intelligent, rythmé.
On en pensera ce qu’on voudra mais cela donne une autre perspective à la famille Jardin qui a fait l’objet de nombreux ouvrages de la part de sa descendance, tous plus farfelus les uns que les autres. Je pense à Le Nain Jaune de Pascal Jardin, lu il y a des années, au Zubial d’Alexandre Jardin mais également au Roman des Jardin, tous lus avant de créer ce blog.
Enfin si vous voulez avoir un éclairage d’un grand historien du régime de Vichy, je vous invite à lire cette interview de Robert Paxton, ce grand historien américain qui le premier a révélé le rôle du régime de Vichy dans la déportation des Juifs de France, réalisée par Le Point.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, le Dr Apfeldorfer est un psychiatre qui s’est spécialisé dans les problèmes alimentaires et qui est le fameux acolyte du Dr Zermati. Ce livre m’a été donné à lire par ma diététicienne, qui travaille également avec la méthode développée par ces 2 médecins dite « méthode Zermati ».
Dans ce livre, l’auteur dénonce la pression et les idées fausses qui s’imposent aujourd’hui dans nos esprits en matière d’alimentation… du type manger plus le soir ou louper le petit déj fait grossir, manger rapidement le midi contribuerait à l’obésité ou encore les fruits et légumes peuvent être consommés sans limite et 5 fois par jour, etc. Le Dr Apfeldorfer déconstruit totalement ces idées reçues sur le poids et la nutrition et analyse à quel point le fait de manger est influencée par notre culture. Manger, c’est finalement tout une éducation. Il évoque ensuite des solutions très concrètes, avec des exercices, pour mettre fin (ou du moins essayer) à des désordres alimentaires qui peuvent être le résultat notamment d’une mauvaise éducation alimentaire. Enfin, il dresse une liste de conseils pour éduquer ses enfants à bien manger, avec plaisir et sans contraintes.
J’ai beaucoup aimé la lecture de ce livre que j’ai posé sur ma table de chevet durant plusieurs semaines, picorant peu à peu des éléments qui m’ont fait avancée sur ma propre réflexion sur mes problèmes de poids. Même si certains aspects évoqués par l’auteur peuvent sembler évident, je trouve que ça va mieux en le lisant et ceux qui ne connaissent pas les théories de Apfeldorfer et Zermati, cela peut être une première approche très sympathique! J’ai bien aimé, dans la 2nde moitié du livre, l’évocation des différentes raisons qui peuvent conduire à mal manger. Même si ces portraits peuvent sembler un peu caricaturaux (la mère toujours au régime, les parents trop exigeants, les problèmes alimentaires comme alternative au stress, etc), j’ai trouvé que cela aidait beaucoup à se faire sa propre réflexion sur son parcours. Enfin, les lignes « directrices » proposées aux parents me semblent vraiment super pertinentes et devraient être mises dans les mains de beaucoup de parents -et de mamans?- qui luttent contre des problèmes de poids. Eh oui, l’objectif est de ne pas diaboliser la nourriture auprès des enfants afin d’éviter de leur créer des problèmes de poids avant même qu’ils n’en souffrent…
Bref cet ouvrage est vraiment utile et plaisant à lire si vous vous intéressez à ces problèmes et si vous voulez entendre autre chose qu’un discours moralisateur, culpabilisateur et prescripteur d’une certaine orthodoxie alimentaire qu’on nous vend un peu trop ces dernières années… Une lecture qui m’a amenée également à réflechir à mon cas, à changer ma façon de faire et à continuer mon travail pour sortir des régimes et trouver une alimentation sereine avant tout!
Boris Cyrulnik, le célèbre neuropsychiatre, a vécu une enfance incroyablement difficile qui l’a conduit à s’intéresser lui même aux enfants victimes de la guerre. Si aujourd’hui son histoire est de plus en plus connue, il explique qu’il a pourtant dû longtemps la taire puisque sa douleur et sa souffrance était inaudible dans la France de l’après guerre, jusqu’aux années 1980 et le début de l’ouverture du procès Papon.
A l’âge adulte et un peu malgré lui, il est revenu sur les lieux de son enfance, retour qu’il a raconté notamment dans Je me souviens. Il revient dans ce livre sur son enfance de manière plus globale en y ajoutant ses analyses de spécialiste et son regard d’adulte sur son enfance. Il explique ainsi que lorsqu’il était seul, il tournait en rond autour de la table de la cuisine jusqu’à s’étourdir… et qu’il a constaté par la suite qu’il s’agissait d’un comportement fréquent chez les enfants en isolement sensoriel. Il mêle ainsi à ses souvenirs personnels, ses découvertes lorsqu’il a remonté le chemin de son histoire et ses analyses de spécialiste de l’enfance malheureuse.
J’ai dévoré ce livre qui m’a beaucoup touchée! Boris Cyrulnik raconte son histoire sans pathos, en se rappelant ses sentiments d’enfant et son regard innocent sur des événements terrifiants auxquels il a dû faire face. Il analyse avec du recul sans pour autant déshumaniser son histoire et les relations qu’il a pu nouer avec tous les gens qui l’ont aidé, d’une façon ou d’une autre.
C’est un livre qui donne la pêche, qui prouve que tout est toujours possible… que l’on peut passer des années à l’Assistance publique et devenir un grand neuropsychiatre, que l’on peut vivre dans un environnement sensoriel terriblement pauvre et pourtant devenir un humain plein d’empathie et d’humanité. Une jolie leçon de vie par quelqu’un qui ne souhaite probablement pas donner de leçons… A découvrir absolument si vous ne connaissez pas l’histoire de cet homme (je n’ai rien dévoilé, vous verrez, vous aurez le souffle coupé!).
Le Dr Jean-Philippe Zermati est nutritionniste, je vous en ai déjà parlé. Le Dr Apfeldorfer est lui psychiatre. Ils sont membres du Groupement de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids (GROS). Ils défendent une position qui est issue, selon eux, de leur pratique mais également des études en nutrition réalisées depuis 20 ans, et qui va à l’encontre des régimes. Dans cet essai, ils dénoncent le système et le discours mis en place par Pierre Dukan.
Les auteurs expliquent qu’ils récupèrent des patients en consultation qui sont détruits par les régimes et dénoncent notamment le Régime Dukan. Ils s’indignent du succès médiatique de ce médecin nutritionniste (qui n’est d’ailleurs plus médecin puisqu’après plusieurs avertissements de l’Ordre des médecins, il a demandé sa radiation en avril 2012) qu’ils estiment dangereux et contre lequel les experts en nutrition restent trop souvent silencieux.
A partir d’extraits des ouvrages de Dukan, notamment son livre Je ne sais pas maigrir, des dernières études en nutrition et de leur propre pratique, ils démontent arguments après arguments la méthode Dukan. D’abord en montrant qu’elle reprend très largement le régime proposé par le Dr… dans les années 70. Ce médecin s’avérait un précurseur selon les auteurs mais depuis 40 ans, les études en nutrition ne permettent plus de maintenir ce type de position pour lutter contre le surpoids. Ils étayent ensuite leurs critiques de leurs propres thèses anti-régime. Qu’on ne se trompe pas, il s’agit d’un pamphlet, d’un essai (qui s’appuie sur des études) et non d’une étude scientifique en soi. Un certain nombre d’arguments sont donc des arguments de pure logique mais franchement, quand on lit les extraits choisis par les auteurs et issus des livres de Dukan, cela fait très peur…
Honnêtement, je n’ai jamais testé le régime Dukan car cela ne me semblait pas intelligent et j’avais suivi une autre voie. C’est ce que dénoncent les auteurs puisqu’ils disent recevoir des patients qui sont détruits psychologiquement après les régimes et en particulier après le régime Dukan puisque P. Dukan a développé tout une méthode visant à la culpabilisation de celui qu’il appelle le « gros » qui grossit car il est trop faible pour tenir le coup, qu’il n’a pas assez de volonté… Les Dr Zermati et Apfeldorfer dénoncent le fait que Dukan surfe sur les idées préconçues et les discriminations qui existent à l’encontre des personnes en surpoids pour appuyer là où ça fait mal et les motiver à maigrir vite, selon son programme « magique »! Si le « gros » échoue, c’est parce qu’il a été faible, qu’il n’a pas été capable de suivre ce programme magique et non que le programme n’est pas adapté à une perte de poids à long terme.
Cet essai est édifiant et amène franchement à s’interroger sur le silence du milieu médical au regard du succès de la méthode Dukan et de ses nombreuses provocations. Il ne s’agit en aucun cas d’une jalousie de médecins comme certains semblent qualifier cet essai. Il s’agit, à mon sens, d’une véritable indignation de l’attention dont dispose Dukan au regard des risques auxquels s’exposent les candidats au régime et qui sont malheureusement trop souvent tus.
Je tiens à préciser que cet essai est énormément annoté, la source des citations de Dukan est indiquée et la bibliographie est très fournie… Contrairement à certains commentaires que j’ai pu lire, il y a des arguments solides…
Quelques extraits que j’ai choisis pour vous et que je vous propose pêle-mêle. Ils illustrent tant les théories des 2 auteurs que la dénonciation de celles de Dukan (les expressions entre parenthèses sont celles issues des livres de Dukan).
« Aujourd’hui, prescrire un régime pour traiter un surpoids revient à vouloir éteindre un incendie avec un baril de pétrole! »
« Tant pour maigrir que pour grossir, et malgré l’horreur que cela semble inspirer au docteur Dukan, une calorie de chocolat est donc tout aussi efficace qu’une calorie de surimi ».
« La stigmatisation des obèses est destinée à servir d’assiste à la motivation à maigrir. Et cette stigmatisation va loin, puisque le « gros » selon Dukan devient un sous-homme. »
« Le docteur Dukan commence par nous dresser le portrait du « gros » : « le surpoids déforme et alourdit les traits du visage qui perdent en finesse, en élégance et en harmonie. L’oeil lui -même voit sa surface d’émission diminuer pour ne plus montrer qu’une pupille privée de sa porcelaine environnante, ce qui est loin d’être un détail ».
« Selon ses propres statistiques [Dukan] réalisées sur les lecteurs de sa méthode: « Sur 100 personnes, 50 maigrissaient et atteignaient leur juste poids. Et parmi eux, 25 stabilisaient ce poids sur le long terme ». Les 25 restants qui n’y parvenaient pas, « spécialistes de la ligne de fuite vers l’aliment », avaient systmématiquement été victimes d’une « adversité responsable de leur échec. » « Intolérants à la souffrance », ils la neutralisaient dans « le seul plaisir qu’ils savaient produire à la demande : l’aliment de gratification ». Incorrigible docteur Dukan, jamais en reste d’une petite gentillesse pour souligner les faiblesses du « gros ».
Bref, ce livre m’a convaincue de ce que je savais déjà, Dukan est dangereux et ses adeptes le prennent pour un véritable gourou. Il surfe sur la douleur des gens en surpoids qui, dans la société actuelle, comme le souligne les auteurs, sont stigmatisés, moqués, dénigrés. On sait aujourd’hui que les personnes obèses réussissent moins au travail, ont des difficultés à trouver un emploi ou un partenaire amoureux… Elles vivent pleines de honte et de culpabilité au quotidien alors que souvent, elles ont tout essayer… Et qui n’a jamais fait un régime ne peut connaître la difficulté que cela représente.
J’avoue que je ne connaissais pas le vocabulaire utilisé par Dukan qui appelle les personnes qui suivent son régime des « gros » et qui démontre à quel point ceux ci sont laids, faibles et sans volonté. Cela m’a révoltée! Ce n’est pas une question de business, chacun peut faire son beurre avec ses trouvailles, son travail… Mais ce livre montre bien que Dukan n’a rien inventé et même diffuse un message aujourd’hui scientifiquement faux, et qu’il utilise la souffrance des personnes en surpoids pour étendre peu à peu son message dangereux. Il a même une dimension limite messianique quand il veut que la France soit le support de diffusion de son régime qui permet une révolution alimentaire permettant aux gens d’être heureux (parce que minces)… Un tel discours est hallucinant et dangereux lorsqu’il propose de donner des points au bac aux élèves qui perdraient du poids…
Aller, je vous laisse seuls juges si vous avez envie de lire ce livre très abordable. Vous en trouverez également une critique sur le blog de Pensées de Ronde. Vous pouvez également entendre le dr Zermati qui a été reçu à propos de ce livre, en septembre 2012, dans le Magazine de la santé (Ci dessous ou si cela ne fonctionne pas Ici, sur youtube).
J’ai reçu ce livre dans le cadre de la dernière opération Masse critique de Babelio.
Dans cet essai, le psychanalyste et thérapeute familial Serge Hefez expose sa thèse selon laquelle notre société évolue dans un sens nouveau, celui du brouillage de la frontière homme/femme. Il explique que c’est une évolution de nos sociétés occidentales que de nombreux psychanalystes notamment critiquent de façon démesurée alors que l’on peut accompagner des évolutions qui finalement permettent aux individus de vivre plus harmonieusement au sein d’une communauté. Il précise que, si ces évolutions sociétales ont été portées par des communautés en particulier ou par des mouvements homosexuels ou féministes, elles touchent tous les individus et notamment les rapports entre hommes et femmes, pères et mères, l’éducation des enfants, etc.
Je connaissais les convictions de Serge Hefez en matière de mariage homosexuel qui correspondent aux miennes. J’avais donc un a priori favorable à ce livre. Mais j’ai aimé l’élargissement qu’il fait de cette problématique de définition des sexes, de leurs rapports, etc. Il a une approche pragmatique et bienveillante, favorable aux évolutions qui conduisent à une société plus soudée et plus proches de l’épanouissement de chacun. C’est un essai et non un manuel, Serge Hefez prend franchement partie et critique de façon assez directe certains de ses collègues psychanalystes et notamment JP Winter, leur reprochant de raisonner avec des cadres du XIXème siècle,forcément influencés par la société de l’époque et ne correspondant pas forcément à des vérités de notre société d’aujourd’hui. Mais il convoque également de nombreux penseurs et intellectuels, que ce soient des sociologues ou encore des anthropologues. Il conclut finalement en faisant des parallèles avec des sociétés étrangères qui ne se sont pas construites sur ce schéma homme/femme, père/mère mais sur d’autres fondements et que nous sommes finalement libres de créer aujourd’hui un nouvel ordre sexuel. Un livre intéressant, facile à aborder, travailler et non moralisateur ni culpabilisant, nourri tant d’autres scientifiques que de sa pratique de thérapeute familial.
Dans cet essai, Elisabeth Badinter tente de trouver une explication au refus de certaines femmes d’être mère et à la fois cette espèce de retour à une idéologie qui se développe en parallèle du mouvement écologiste, le « naturalisme ». La société d’aujourd’hui valorise une mère présente, qui allaite à la demande, qui arrête de travailler pour faire passer sa famille avant tout le reste (et même avant elle même), qui ne donne pas de petits pots et cuisine tout bio et lave consciencieusement les couches (lavables) de ses rejetons…
Contrairement à ce qui a été dit (et trop vite dit), Elisabeth Badinter ne s’oppose pas au retour de certaines personnes à des valeurs familiales traditionnelles. Elle regrette seulement que ce modèle soit ultravalorisé alors qu’il ne correspond pas nécessairement à la vision des choses des femmes d’aujourd’hui. Mais ce livre traite également des personnes qui refusent d’avoir des enfants, de la natalité et des modèles de société qui existent dans le monde… Et l’on retrouve clairement une filiation avec son livre sur le (non) instinct maternel, L’amour en plus, écrit il y a plus de 30 ans.
Cet essai est extrêmement documenté, l’auteur fournit de nombreuses notes afin de justifier ses arguments… On est pas ici dans la polémique uniquement mais clairement dans une étude sérieuse et rigoureuse de la société et de la place des femmes.
Cet ouvrage d’Elisabeth Badinter est une étude sur l’amour maternel, du XVIIème siècle au XXème siècle, publiée en 1980. L’auteur, agrégée de Philosophie, a été maître de conférences à l’Ecole Polytechnique et c’est au cours de ces années-là qu’elle élabore cette étude. Elisabeth Badinter s’interroger sur l’existence de ce qu’on appelle « l’instinct maternel », qui apparaît comme étant un donné dans l’histoire des moeurs. Pourtant, elle ne cessera de relever, depuis le XVIIème siècle, des indices montrant que l’amour des femmes pour leur progéniture n’a rien à voir avec l’instinct. Alors que l’on affirme couramment que le désamour des femmes du XVIIème siècle pour leurs enfants est dû à un détachement causé par une forte mortalité infantile, Elisabeth Badinter montre que les enfants font l’objet d’une véritable négligence qui conduit à une forte mortalité. Les nourrices mercenaires sont ainsi moins bien choisies que les femmes de chambre ou les valets de pied. Les petits sont abandonnés à la campagne durant des années, de retour à la maison peu de temps pour repartir au couvent ou à l’internat. Non, l’amour n’est véritablement pas une évidence et le statut de l’enfant va changer à la fin du XVIIIème siècle, sous l’influence notamment de Rousseau, puis subira une nouvelle révolution avec le développement de la psychanalyse.
J’ai vraiment apprécié cet ouvrage qui se lit facilement. L’auteur nous explique simplement les rôles parentaux et le statut de l’enfant, à force de documents et de citations. Un vrai plaisir à lire! Cela nous fait complètement réfléchir sur les relations entre les parents et les enfants mais également au sein du couple puisque c’est également le partage des rôles que questionne Elisabeth Badinter. L’auteur est féministe, elle ne s’en cache pas. Mais son étude est objectivement menée et permet d’avoir une vision plus claire et complète de notre culture et de son évolution. Un excellent ouvrage à mettre entre toutes les mains!